RACINES

 

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Un projet mené de 2011 à 2014 en collaboration avec l’association Face O Scéno et la compagnie Ladon du Burkina Faso, avec le soutien de Wallonie Bruxelles International.

Le projet « Racines d’aujourd’hui : déracinement ou métissages ? » questionne la manière dont les inégalités des rapports économiques entre l’Occident et le reste du monde, ainsi que la Dette des pays du Tiers-monde, sont à la fois responsables des conditions de vies déplorables et du manque criant de perspectives pour les populations des pays du sud, et responsables d’un déracinement culturel global des populations du monde entier.

Quand les médias grand public ne relaient que le minimum de l’information sans aller jusqu’au bout de la question, quand la majeure partie de la population n’a pas le temps de s’informer correctement, comment les rapports humains dans la rencontre interculturelle, peuvent-ils construire de nouvelles pistes, planter de nouvelles graines, réactualiser des racines communes ?

CONTEXTE

Ce projet a été mis en place dans le cadre de la crise de l’accueil des migrants qui sévit depuis plusieurs années, aussi bien en Belgique qu’en Europe, poussant nombre de personnes « sans-papiers » désespérées jusqu’aux grèves de la faim ou aux suicides. Nous constations une certaine indifférence ou absence de connaissances et de réactions de la population belge par rapport aux problématiques de migrations, d’accueil, d’inégalité des rapports économiques entre l’Occident et le reste du monde.

Aujourd’hui en Belgique, le contexte général n’a pas évolué. Nous assistons certes à des manifestations et actions de petits groupes engagés, mais les populations migrantes sont toujours la cible de préjugés, discriminations et/ou rejets de la part de la population comme des gouvernements.

Entre 2010 et 2013, nous constatons en effet que le taux d’accueil a chuté et que le taux de rapatriement augmente. Mais que fait la population belge, qu’en pensent la majorité des gens, qu’en savent-ils ?

De l’autre côté en Afrique, l’Europe garde son image d’Eldorado doré, et la plupart des jeunes continuent à s’imaginer un avenir meilleur garanti s’ils parviennent en Europe. Coûte que coûte, ils veulent partir. La plupart ne connaissent pourtant pas les conditions de la vie clandestine en Europe.

D’un côté comme de l’autre, il est toujours très rare que les medias conventionnels véhiculent une information claire et complète sur ces sujets délicats et complexes. Peu de jeunes en Afrique ont accès aux médias, et même en Europe, il est rare que les médias s’étendent vraiment sur la situation des sans-papiers, ni sur les difficultés de vie que ces personnes cherchent à fuir.

Les migrants continuent à partir et à mourir en route. Ceux qui arrivent (moins de la moitié) vivent dans des conditions déplorables et risquent l’enfermement, le rapatriement.

La population belge est peu ou mal informée et ne réagit globalement pas.

ACTUALITÉS

En cette fin 2013, la presse a beaucoup parlé des nombreux migrants morts en mer à Lampedusa. A t’elle parlé de la lutte menée à Bruxelles par les centaines de familles afghanes cherchant à être entendues et non renvoyées dans un pays en guerre ? Peu.

Et quid de tous les autres ? Combien sont-ils ceux qui, chaque jour, subissent ou périssent en raison des systèmes de gestion migratoire en vigueur ?

Parce que le contexte général empire, notre spectacle, « Danse en Papier » reste « malheureusement » d’une actualité brulante, et devra encore être au programme des saisons culturelles prochaines car il reste un vecteur important de transmission d’informations, et nous sommes toujours convaincus que l’art est un moyen privilégié pour transmettre des messages et favoriser la réflexion en touchant les gens émotionnellement.

Le spectacle reste donc disponible à la diffusion, et est chaque fois suivi d’un échange entre le public et des personnes engagées auprès des migrants. Des ateliers ludiques et artistiques, de sensibilisation à la thématique sont également disponibles en amont des représentations.

DEVELOPPEMENT

Notre objectif de sensibilisation autour de « Danse en Papier » nous a, entre autres, menés au cœur des centres d’accueil Fedasil de Belgique, où nous avons travaillé à plusieurs reprises avec des demandeurs d’asile, pour les amener à créer un spectacle (à destination des voisins des centres concernés) autour des thématiques qui les touchent personnellement.

Les participants à ces ateliers étaient originaires de régions aussi différentes que l’Iran, l’Irak, le Népal, l’Arménie, l’Afghanistan, le Cameroun, la Guinée…

Comment faire travailler ensemble des personnes qui ne parlent pas la même langue ? Comment créer une dynamique de groupe entre des personnes qui ne connaissent même pas le prénom de ceux qu’ils côtoient tous les jours et sur lesquels ils portent d’immenses préjugés ?

Dans ce cadre, nos outils artistiques suscitent la rencontre interculturelle via l’expression non verbale qu’ils permettent et favorisent le lien social via les jeux menant à la création collective d’un spectacle.

Si nous avons toujours réussi à faire dépasser aux participants les barrières culturelles, nous avons constaté, face aux es situations de grande tension que nous trouvions en arrivant, que la cohabitation dans les centres d’accueil est très compliquée, (notamment entre afghans et africains) et qu’il y avait également entre eux beaucoup de préjugés, les uns sur les autres, et inversement.

Dans les centres, malgré la bonne volonté du personnel qui y travaille, très peu de travail de sensibilisation est fait auprès des résidents pour leur permettre de cohabiter malgré leurs différences culturelles et permettre un dialogue entre ces personnes. Les ateliers que nous y avons donné ont à chaque fois permis une prise de conscience des participants quant à l’ouverture par rapport aux autres demandeurs d’asile avec qui ils vivent.

Le fait de pouvoir utiliser l’expression corporelle non verbale pour s’exprimer à défaut de langue commune leur ouvre un potentiel de dialogue avec les autres et de prise de conscience qu’ils sont tous dans le même bateau.

Ce constat est à la source du choix de la thématique de notre nouveau projet autour du dialogue inter-convictionnel. Nous souhaitons élargir nos outils pédagogiques et artistiques afin d’amener auprès de nos publics une ouverture quant à la diversité des croyances et des valeurs.